Un rapport aux écran passionnel et idéologique
Le rapport aux écrans, la façon dont on les tolère, ou non, dans l’environnement de nos enfants, est souvent passionnel et idéologique. On aime ou pas, on est d’accord ou pas, sans forcément pouvoir expliquer pourquoi.
Selon l’éducation qu’on a reçue, notre rapport aux images, à la culture, au monde de l’entertainment, on tolèrera plus ou moins facilement cette invasion de l’ordinateur, de la télévision, de la DS, et même du portable, dans l’univers de nos bambins dès leur plus jeune âge.
La télé ou sa privation peut être récompense ou punition, minutée ou sans limite : elle est une distraction dont, finalement, on examine peu le contenu et l’accès, en dehors du minutage.
Dans un monde où les enfants passent chaque année, en moyenne, 300 heures de plus devant les écrans qu’en salle de classe, comment accompagner la découverte d’outils et d’objets que, de toutes façons, à moins d’aller vivre au fin fond du désert – et encore… – nos enfants seront amenés à utiliser très régulièrement ? Quelles limites assigner à leur usage, et pourquoi ?
Mordicus : ouvrir le débat
Les Editions Mordicus proposent d’aborder ces questions dans un petit ouvrage paru en octobre 2009 : Faut-il interdire les écrans aux enfants ?
Le principe de la collection Mordicus est de confronter deux ou trois spécialistes, aux points de vue souvent divergents, autour d’une question de société. Il ne s’agit pas d’un débat ou d’un échange, mais d’entretiens croisés : les spécialistes sont questionnés par le même interlocuteur, et les entretiens sont publiés l’un à la suite de l’autre. Cette démarche simple mais dialectique désacralise la parole du chercheur : c’est un point de vue qui se confronte à d’autres. Le lecteur est invité à prendre place dans le débat, et se forge une opinion construite. Plus que des ouvrages didactiques, ce sont des invitations à penser qui veulent ouvrir le dialogue sans le clore, tout en apportant des données objectives dans des débats souvent passionnels.
Sur la question des écrans, la divergence des positions n’est pas flagrante – on imagine difficilement un chercheur recommander de laisser les enfants devant les écrans sans aucune limite ! Mais le dispositif des entretiens croisés reste particulièrement pertinent, puisque tout l’enjeu du livre est de plaider pour une image parlée et pour l’élaboration d’un esprit critique dès le plus jeune âge, par l’interlocution et la formation du jugement.